Réflexion novembre 2021

La prière du Coeur
Chers amis, frères et soeurs paroissiens,
Pour réfléchir avec vous au cours de ce mois de novembre, j’aimerais vous proposer ce thème de la prière
du coeur, évoqué au cours de l’homélie du 30ème dimanche du temps ordinaire, les 23 et 24 Octobre derniers,
à l’occasion de la rencontre entre notre Seigneur Jésus Christ et Bartimée (Marc 10, 46-52).
1) La formulation :
La prière du coeur est une prière très simple, la formule peut connaître quelques variantes, selon les
auteurs ou les traditions, toutefois la formulation la plus répandue demeure la suivante :
“Seigneur Jésus, Fils du Dieu Vivant, prends pitié de moi pécheur !”
Cette formule de prière reprend donc cette prière de Bartimée à l’entrée de Jéricho qui, apprenant que le
Christ est de passage, se met à crier vers lui : “Fils de David, Jésus, prends pitié de moi”. Elle correspond aussi
à l’attitude humble du publicain qui va monter au temple. Conscient de son péché, il s’en remet à la
miséricorde de Dieu en disant “O Dieu, prends pitié du pécheur que je suis” (cf Luc 18, 9-14).
Deux choses à retenir de cette formulation essentiellement :
La première est que l’on est conscient de nos fautes, ou du moins de notre imperfection, mais loin d’être
une dynamique d’enfermement ou de repli sur soi, cela devient une dynamique d’ouverture avec ce besoin de
s’en remettre à Dieu qui pardonne, par l’intermédiaire de son Fils, notre Sauveur. On se tourne avec humilité
vers ce Dieu dont le psalmiste nous dit qu’il est “Lent à la colère et plein d’amour”, ou, mieux encore ce père,
illustrant notre Père du Ciel, qui accueille son fils lorsqu’il revient vers Lui dans la parabole du fils prodigue
(cf Luc 15, 11-32).
La deuxième est que l’on s’en remet à Jésus, le Fils du Dieu Vivant, le Sauveur par excellence, le meilleur
intermédiaire que nous pourrions espérer avoir entre Dieu et les hommes. Celui qui a pris notre condition
humaine, Celui qui est mort et ressuscité, nous démontrant par là que l’Amour que Dieu à pour ses enfants est
plus fort que tout, à fortiori le péché et la mort. Par conséquent c’est en toute confiance que l’on peut s’en
remettre à notre Seigneur Jésus Christ.
Cette formulation est une dynamique d’ouverture au Salut tel que le Christ est venu le proposer à notre
humanité.
2) La respiration :
Dans beaucoup d’écrits, il est préconisé de dire cette prière en jouant sur notre respiration, en inspirant
bien profondément et en expirant pour exprimer la prière. Selon les écoles, il sera préconisé de dire la prière en
inspirant, pour que la prière nous pénètre plus profondément et devienne ainsi une prière du coeur.
Toutefois il me semble que le point le plus important à retenir sur cet exercice respiratoire est que la prière
nous devienne aussi naturelle que le simple fait de respirer. Nous pourrons ainsi répondre à l’inviation de
l’apôtre Paul : “Priez sans cesse”.
C’est en effet interpellé par cette invitation de St Paul que le fameux homme russe des “Récits d’un
pèlerin russe” va découvrir ce trésor de la prière du coeur. En rencontrant, durant ses pérégrinations, des
personnes pratiquant cette prière, il va lui-même suivre ce chemin spirituel qui va le nourrir et lui permettre
d’entrer dans cette dynamique de prière incessante… En marchant, en mangeant, en discutant avec d’autres…
Si l’on actualise à notre époque, on pourrait ajouter : en conduisant, en travaillant, en faisant nos courses, en
jouant aux cartes ou à la pétanque, en dormant, etc…
En effet, si l’on prie comme l’on respire, la prière devrait nous accompagner à tous les instants de notre
existence, tout le temps.
3) L’instrument de la prière :
Il n’est pas nécessaire d’avoir un instrument particulier pour exercer cette prière du coeur, toutefois,
certains aiment bien utiliser un chotki, une sorte de chapelet à 100 grains que l’on égrenne à chaque fois que
l’on prononce la formule. L’avantage d’avoir un chotki (ou autre forme de chapelet) est que cela permet de
mieux se concentrer sur la prière. On l’aura compris le but du jeu n’est pas de compter le nombre de fois où
l’on aura dit : “Seigneur Jésus, Fils du Dieu Vivant, prends pitié de moi pécheur” dans la journée, mais de
tendre vers une prière incessante où justement, on perd le compte. La souplesse de ce système est que l’on peut
donc interrompre le chotki (ou chapelet) et le reprendre quand on veut.
En conclusion :
Le père Jean Lafrance écrivait que la prière du chapelet pouvait devenir une prière du coeur pour les
occidentaux. Certains pères du désert parvenaient à prier sans cesse avec la prière du Notre Père… Le plus
important dans l’histoire est que chacun de nous puisse cheminer sur cette voie de la prière incessante. Que
l’Esprit Saint vienne pleinement nous éclairer pour nous aider à discerner ce qui est le mieux pour nous, selon
nos capacités et nos motivations.
P. Laurent Notareschi