Réflexion octobre 2021

Une église en souffrance ICI

Une Eglise en souffrance

Chers amis paroissiens et paroissiennes de Sainte-Anne et de Saint-François Xavier,

Au lendemain de la diffusion publique du rapport Sauvé, je vous prie de bien vouloir accueillir ma réaction et ma réflexion.

Blessés ! Nous sommes tous blessés, voire meurtris par les révélations affligeantes du rapport Sauvé : 216.000 victimes de pédophilie ces 70 dernières années dans notre Eglise catholique. 330.000 si l’on inclut les victimes des personnes laïques ou autres censées rendre service à l’Eglise (catéchisme, aumôneries, etc…)

Il est normal d’être blessé, voire même en souffrance, en apprenant cela. Même si nous ne sommes pas directement responsables de ces crimes, comment ne pas être touchés par ce qui s’est passé dans l’Eglise, dans NOTRE Eglise ? Cela est normal, l’Eglise est le Corps du Christ, dont nous faisons entièrement partie. Et ce qui touche ce Corps, nous touche

Nous pouvons mieux comprendre désormais cette expression de St Paul : “Je complète dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ”. Oui nous aussi, nous sommes en souffrance du comportement d’une portion des membres de cette Eglise même si nous ne cautionnons pas ce qui s’est passé, même si nous réprouvons fortement ces graves atteintes à la dignité de tant de personnes.

Il est clair que nous contemplons davantage le Christ en croix, qui souffre lui aussi très certainement de tout cela, et le comportement scandaleux des clercs sont un contre-témoignage évident qui nous éloigne du mystère de la Résurrection de Jésus-Christ. Au contraire, nous le crucifions encore et encore. L’annonce de la Bonne Nouvelle devient beaucoup plus complexe dans un tel contexte.

Nous pouvons aussi voir le côté positif du rapport Sauvé, la lumière est enfin faite sur ces problèmes, la vérité éclate enfin au grand jour. Nous ne pouvons plus nous cacher derrière une pseudo-miséricorde qui ne fonctionne pas avec la Justice et qui reste silencieuse. Trop longtemps ces problèmes n’ont pas été abordés comme il aurait fallu le faire dans notre Eglise, et nous pouvons espérer que la prise de conscience claire du rapport nous amène à mieux traiter, désormais, ce problème épineux.

Dieu pardonne certes, et comme lui, nous sommes aussi appelés à pardonner mais le pardon n’extrait personne de la justice des hommes. Aussi avec courage, continuons à prier pour que le Seigneur nous donne la force de pardonner, qu’Il l’accorde plus particulièrement aux victimes de ces actes, et que ce pardon ait aussi force de guérison intérieure. Mais prions aussi pour que les personnes qui ont abusé de leur autorité, de leur position et qui ont finalement abusé d’autres personnes en répondent maintenant devant la justice des hommes avant d’en répondre devant le Seigneur en personne.

Père Laurent